Les 24h du Mans sont comme un virus
, une fois qu’on y a gouté, on est atteint à vie. Il n’existe aucun antidote… et c’est tant mieux !
Le week-end dernier, j’ai assisté à la 87ème édition des 24h du Mans intégré au Team BMW. Une édition un peu particulière pour le Team M Motorsport puisque la marque de Munich a décidé de se retirer de la catégorie GTE Pro. Autre particularité de cette manche du Mans : c’est la super finale du championnat du Monde d’Endurance 2018-2019.
Je retrouve le Team BMW France dès le vendredi soir dans le superbe hospitality situé au niveau du virage du raccordement. En plus de l’espace de réception au rez de chaussée, une grande terrasse surplombe le circuit et permet d’avoir un point de vue panoramique sur toute la dernière partie du circuit Manceau.
Un point sur les forces en présence : dans la catégorie reine des LMP1, Toyota est le seul grand constructeur engagé, aussi la victoire finale devrait se jouer entre leurs 2 voitures. La 8 (celle de Fernando Alonso, déjà vainqueur au Mans en 2018) jouant le titre mondial, ils devraient être plus sur la défensive que la 7 qui n’a jamais remporté les 24h. Les autres LMP1, notamment les Rebellion, font le spectacle sur 1 tour mais seront incapables de suivre le rythme des Japonais sur 24h.
En LMP2, la lutte est beaucoup plus acharnée entre le team Alpine, le G-Drive de Jean-Eric Vergne, le Jackie Chan Racing… en gros tout le monde est dans les mêmes temps, ça va se bagarrer dur.
Focus sur la catégorie qui m’intéresse particulièrement : le GTE Pro. LA catégorie dans laquelle le team BMW engage 2 M8 GTE, LA catégorie la plus passionnante, LA catégorie où il y a le plus de bagarres ! Porsche et ses 911 RSR au son diabolique, Ford et sa GT, Aston Martin, Ferrari et Corvette sont engagés officiellement et se disputent la victoire. Les temps ont été hyper serrés pendant les essais, ça va être une véritable course sprint de 24h !
Enfin le GTE Am (comprenant des pilotes amateurs) fait la part belle aux Porsche RSR, notamment du Proton-Dempsey Racing grandes favorites. Mais au Mans, rien n’est jamais acquis, et le plus grand rival c’est ce long et beau circuit de plus de 13 km, hyper rapide, technique et exigeant avec les hommes et les mécaniques.
La soirée organisée par BMW le vendredi me permet d’approcher les pilotes BMW, et notamment les « stars » que sont Augusto Farfus et Antoine Felix Da Costa. Ils font le show et semblent hyper détendus mais ils savent que le plus dur reste à venir.
Le lendemain, c’est le grand jour du départ. Arrivé le matin au circuit, je « m’échauffe » avec le Ferrari Challenge et le Road to Le Mans. Les pilotes sont assez chauds et les incidents nombreux pendant ces courtes courses sprint. Je retrouve mes marques dans le paddock et le village des 24h. Dans ce dernier, BMW a installé un stand pour présenter sa série 3, sa dernière série 1 (à quelques invités) et quelques show cars du M-Town festival.
Le Mans est un grand rendez-vous des sports mécaniques et de l’automobile en France. C’est donc également l’occasion de revoir des connaissances comme les amis du Driver Lounge et leur superbe réceptif réservé aux proches et invités des pilotes. J’admire les quelques pièces, ultra rares, présentées comme le casque de Nico Prost signé par Bruno Senna et les membres de l’équipe Rebellion de 2017.
13h… l’heure de rentrer « en piste » ou plutôt de rejoindre le Grid Walk avec toutes les voitures garées en épi sur la ligne de départ. Il y a déjà une foule monstre et il faut « se battre » pour shooter les voitures. L’occasion également de croiser Patrick Dempsey, souriant et toujours aussi passionné par Le Mans. Je reste un instant à proximité d’Augusto Farfus et l’écoute discuter des derniers préparatifs avec son équipe d’ingénieurs et mécanos. Il est tellement détendu à quelques minutes du départ, décidément ces pilotes ne sont pas fait comme nous ^^
14h30… je retrouve la terrasse de l’hospitality BMW. L’occasion d’admirer les commandos de l’armée de terre, apportant le drapeau du départ, descendre en rappel hyper spectaculaire depuis un hélico. ET toujours la présence des artistes de la patrouille de France qui arrivent alignés sur la ligne des stands pour saluer les spectateurs et les concurrents. J’entends les moteurs vrombir, la 911 Turbo Pace Car se positionne à l’avant, c’est parti pour le tour de chauffe.
15h00… le Pace Car se range après le virage du raccordement, 4 groupes se présentent dans la ligne droite : LMP1, LMP2, GTE Pro et GTE Am, c’est parti pour 24h dans un bruit d’enfer, j’ai un grand sourire aux lèvres comme les 250 000 spectateurs présents autour du circuit.
Dès les premières minutes, les 2 Toyota s’échappent comme prévu et tous les regards se portent sur le GTE Pro. Quel spectacle avec des changements de position plusieurs fois par tour, c’est parti pour être comme ça pendant 24h. Les BMW M8 GTE sont un peu en retrait mais le Team M Motorsport suit son plan de course.
La météo est clémente, il fait bon et le ciel est couvert sans risque de grosse pluie (il pleuvra quelques minutes en fin de journée), cette édition va être marquée par les nombreuses interventions des voitures de sécurité. Heureusement, ce seront des incidents sans gravité pour les pilotes même si certains crashs se sont produits à hautes vitesses notamment chez Aston , Corvette, SMP, et Rebellion.
20h00… grand moment de « mes » 24h avec la visite des stands BMW. On croise les mécaniciens qui préparent les pneumatiques, les ingénieurs devant leurs écrans scrutent les paramètres des autos, certains pilotes sont également présents. Pendant la nuit, j’assisterai à des ravitaillements depuis le « balcon » BMW juste au dessus des stands : quel balai bien huilé entre les mécanos et les pilotes. Chacun a son rôle, et le responsable de refueling est bien identifiable avec son casque blanc.
La course est intense avec toujours les Toyota en ballade, la G-drive en tête en LMP2, L’Aston officielle mène le GTE Pro et une Ford GT se détache en GTE Am. Je continue mon tour du circuit : chicane Dunlop, ligne droite des stands, virage du raccordement… C’est toujours un bonheur d’observer les autos tourner, la nuit au Mans a tellement un parfum particulier ! Une petite pause au concert de Franz Ferdinand avec une scène posée à proximité du circuit et on repart pour un autre grand moment de la nuit.
1h00… Un navette nous conduit à la première chicane des Hunaudières où un réceptif est aménagé pour quelques VIP. Cette zone est tout simplement le plus gros freinage du circuit, ce qui permet d’observer les disques de freins chauffés au rouge après cette énorme décélération au bout de la première partie des Hunaudières. Les contraintes mécaniques sont folles et j’imagine également les contraintes subies par les pilotes tour après tour.
4h00… Malgré ma bonne volonté, je rentre quand même faire une courte pause « sommeil » dans notre maison d’hôte BMW, histoire de revenir en pleine forme le lendemain matin (pas trop de regret, le ciel est couvert et il n’y aura pas le légendaire lever de soleil du Mans).
8h30… A mon retour sur le circuit, Les Toyota sont toujours en « ballade », L’Alpine du génial Nico Lapierre a pris le pouvoir en LMP2, et en GTE Pro Ferrari a pris la tête avec la F488 du team AF Corse (une surprise). Les BMW n’occupent pas les premières positions mais les 2 voitures sont toujours en course. En GTE Am, la Ford GT du Keating Racing mène la danse.
11h30… Pour la première fois, j’ai pu accéder à la zone Panoramic 24 tout en haut de la ligne droite des stands. En plus de l’excellent buffet préparé par le chef étoilé Simone Zanoni (un vrai passionné d’automobiles), la terrasse offre un point de vue unique sur la ligne droite des stands et la courbe ultra rapide qui amène à la chicane Dunlop. C’est hyper intéressant pour observer les différentes trajectoires des pilotes !
Le coup de « boost » des Toyota en début de ligne droite est impressionnant, elles disposent d’une puissance énorme dans les premiers mètres, boostées par leur moteur électrique ce qui leur facilite grandement les dépassements des retardataires. Justement alors que j’observais leur progression, énorme coup de théâtre : la Toyota numéro 7 de Conway/ Kobayashi/ Lopez est victime d’une crevaison. Obligée de passer par les stands à 2 reprises (encore une histoire de capteur…), elle est dépassée par la numéro 8 d’Alonso/ Buemi/ Nakajima… Incroyable ! Jusque là, la 7 avait fait la course parfaite : le Mans est cruel, mais le Mans est beau !
14h30… À quelques minutes de l’arrivée, il est temps pour moi de quitter le circuit pour prendre mon train retour. Je suivrai l’arrivée depuis mon smartphone. Les BMW M8 GTE terminent respectivement P11 et P14 de la catégorie GTE Pro. La fin d’une aventure pour tout le team BMW M Sport qui a déjà les yeux tournés vers les 24h du Nurburgring qui se déroulent le we suivant.
Au classement final, en LMP1 c’est donc la Toyota numéro 8 qui remporte pour la 2ème année consécutive la course. En LMP2 c’est finalement l’Alpine Signatech qui remporte la victoire avec un Nico Lapierre en larmes après l’arrivée : tellement mérité ! En GTE Pro, la Ferrari F488 du team AF Corse a tenu la tête jusqu’au bout. En GTE Am, la Ford GT du Keating sera déclassée après l’arrivée, la victoire à la superbe Art Car 911 RSR du team Project 1.
Merci BMW France pour cette expérience incroyable, je suis plus que jamais accro au Mans. Rendez-vous en 2020, pour suivre ce qui reste la plus grande course automobile du monde !
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