Un jour, on m’a raconté une sorte de conte de fée. Alors, pas une histoire peuplée de princesses et d’animaux qui parlent, mais l’histoire d’un ingénieur (Klaas Zwart) devenu riche qui décida de se construire un circuit automobile pour rouler avec ses amis.
Le circuit Ascari Race Resort a vu le jour en 2003, et bien que ce soit le plus grand circuit d’Espagne (jusqu’à 5 Km 425), peu de gens ont eu la chance d’en effleurer le bitume. En effet, sur ce circuit, pas de championnats, pas de trackdays, uniquement des essais et des évènements privés.
Il a suffi d’un mail de Peugeot que je pourrais facilement résumer à « Objet : … Ascari… » pour que je prenne la direction de l’Andalousie avec Peugeot pour essayer la toute nouvelle 308 GTI.
Arrivé sur le complexe du circuit, la deuxième chose que je vois (après la beauté du cadre) est la présence des 308 GTI en statique qui nous accueillent.
J’en fais rapidement le tour, même s’il n’y a que peu de choses à dire au premier abord. Il s’agit en effet d’un facelift et les modifications ne sont par conséquent que cosmétiques. Le 1,6L THP de 270 ch est donc reconduit, avec sa boite de vitesse manuelle à 6 rapports, le tout monté sur cet excellent châssis, sans oublier les énormes freins. On conserve le différentiel à glissement piloté pour passer correctement la puissance sur les roues avant. Et toujours (ce qui fera râler les puristes) le son de moteur délivré par les haut-parleurs en mode sport (même si personnellement, je trouve le résultat sympa).
Alors au lieu de lister ce qui reste identique, la question est de savoir : qu’est-ce qui change ? Et bien : la calandre (et le capot), les jantes, une nouvelle teinte disponible (bleu et noir : j’aime beaucoup). Pour le reste, rien à dire, on se sent bien à bord, c’est bien fini.
A noter que la 308 GTI ne peut pas bénéficier de l’ensemble des aides à la conduite du reste de la gamme 308 (Peugeot ayant judicieusement décidé de privilégier le refroidissement du moteur et de ne pas boucher les aérations avec un radar).
Avant de prendre la piste, place ensuite au briefing : nous tournerons sur la piste de 3,5 Km sur 3 sessions de 20 minutes. Et, à part quelques consignes élémentaires de sécurité, nous avons carte blanche pour nous amuser (pas de safety car… et on ne nous interdit même pas de couper l’ESP).
Avant de décrire le comportement de la 308 GTI, je vais parler du circuit : la piste d’Ascari est plutôt large, permettant facilement de doubler, mais aussi d’aller assez vite. Il y a un peu de dénivelé et quelques jolis bouts de lignes droites, si bien qu’a priori, je penserais que ce circuit est plus adapté à des GT bourrées de chevaux qu’à une « petite » 308 GTI de moins de 300 ch.
Après un tour de circuit, je change rapidement d’avis : on peut s’amuser sur un circuit de cette taille avec une 308 GTI. On n’a absolument pas l’impression de manquer de puissance.
Ceci étant dit, qu’en est-il du comportement de la voiture ? Pour ce qui est de l’accélération. Certes, la poussée est tout à fait franche, avec un moteur qui n’a pas peur de monter dans les tours. Ce qui m’a bluffé, c’est la qualité des liaisons au sol de cette 308 GTI ! Même en sortie d’épingle à cheveux, en appuyant comme une brute sur la pédale de droite, chaque cheval est transféré des roues à la route et fait détaler cette petite bombe. C’est bien simple, si l’ESP s’est déclenché une ou deux fois, c’est uniquement à cause d’erreur de pilotage. Sans ces erreurs, le train avant encaisse toutes les sollicitations avec une efficacité que je n’ai jamais rencontrée sur une traction. Avec ce châssis et cet autobloquant, oui, la GTI a encore de la marge pour une poignée de chevaux supplémentaires (message à Peugeot Sport…).
Et le freinage ? Comme je l’ai écrit un peu plus haut, le circuit est un peu vallonné, avec principalement un virage en pente. Il y a aussi des freinages très importants (pour ma part un peu en dessous des 200 Km/h). Et le freinage suit sans le moindre problème. Sur nos sessions de 20 minutes, le freinage a su rester très efficace et, surtout, constant, preuve que la GTI a encore de la marge pour une poignée de chevaux supplémentaires (message à Peugeot Sport, encore…). Le principal grief que je ferais est l’aide au freinage d’urgence (AFU) qui démultiplie l’assistance de freinage et donne une sensation de pédale molle des plus désagréables (et quand on associe ça aux warnings qui se mettent en route, je ne vous cache pas que le premier coup, je me suis demandé si la voiture n’avait pas un défaut).
Pour le reste, la 308 GTI m’a semblé particulièrement confortable (même si sur circuit, ce n’est pas le critère le plus simple à juger) … mais ceci se paie au niveau du roulis qui est assez sensible. Là, je dois avouer qu’avec mon habitude de conduire des voitures avec d’autres architectures (et donc une répartition des masses un peu moins chargées sur l’avant), j’ai eu du mal à me faire à cet arrière que l’on sent léger… mais que mon manque de vitesse, l’excellence du châssis et le grip des pneus empêchaient de décrocher. C’est simple, j’avais beau tourner, je me retrouvais systématiquement à limiter le rythme en me disant « non, ce n’est pas possible, c’est une traction, le cul va partir » … alors que j’étais très loin de la limite.
Au final, je retiens que cette 308 GTI est excellente sur circuit, même sur un circuit assez grand comme Ascari. Je lui reprocherais juste deux petites choses : de ne pas offrir la possibilité de couper ni le son de moteur retranscrit par les haut-parleurs en mode sport, ni l’aide au freinage d’urgence (qui est vraiment gênante sur circuit).
Aussi, par goût (plus que par nécessité), je lui préfèrerais des amortisseurs un peu plus fermes (afin de limiter le roulis ainsi que le pompage au freinage) afin de mieux sentir la voiture.
En tous cas, merci à Peugeot pour cet essai, je me suis bien eclaté au volant de la 308 GTI dans ce cadre magnifique et unique.
One more thing (copyright Steve Jobs)
Vous ne croyiez tout de même pas que Peugeot Sport nous avait emmené jusqu’à Malaga juste pour 3 sessions de pilotage de 20 minutes ?
Non, après cet essai déjà très sympa, sur ce circuit de rêve, l’équipe de Peugeot Sport avait décidé d’enfoncer le clou. Pas avec un petit marteau taille enfant, non ! Plutôt avec une énorme masse de chantier maniée par l’incroyable Hulk.
Direction le vestiaire pour enfiler une vraie combinaison, des chaussures et des gants. Ainsi bien équipé, je profite enfin pleinement des 41°C affichés par le thermomètre… mais je peux surtout prendre le volant de la 308 Racing Cup.
La 308 Racing Cup, c’est quoi ? En soit, ça pourrait n’être qu’une 308 GTI un peu énervée… et réservée à un usage sur piste.
En effet, le moteur ne fait que gagner 38 ch (merci au turbo emprunté à la 208 T16) : avouez que si 308 ch pour une cylindrée d’1,6 L est un score impressionnant, pas mal de voitures de routes arrivent à sortir 300 ch de nos jours.
Il y a aussi une voiture complètement vidée pour au final ne peser qu’une petite tonne. Il est clair que le gain par rapport à la voiture de route est énorme et que ça nous donne un rapport poids/puissance intéressant, mais finalement moins bon qu’une Lotus Exige par exemple.
Et un peu naïvement, c’est dans cet esprit de blogueur blasé que j’ai abordé cet essai.
Malgré tout, lors du briefing, certains indices me font douter de mon a priori : les pneus slicks, la boite séquentielle (une vraie boite à crabots aussi douce qu’un concert de heavy metal), l’arceau cage qui demande humilité et souplesse pour entrer dans la voiture.
Avec ceci, est-ce vraiment une voiture de course, ou est-ce encore une 308 ?
Dès les premières secondes derrière le volant, moteur éteint, j’ai déjà la réponse : je suis dans une voiture de course.
Une fois installé dans cet habitacle où la température monte à 50°C (non, ce n’est pas une façon de parler), complètement immobilisé par un vrai baquet et un harnais 5 points (zut, qui peux me fermer la porte ?) je regarde ce petit volant couvert de boutons, ce panneau de commande à ma droite et je reçois les dernières informations par mon pilote instructeur.
Un dernier rappel sur le comportement de la voiture et les conséquences de ce comportement de la voiture… puis je lance la procédure de démarrage. Car il ne suffit pas de tourner une clef ou d’appuyer sur un bouton pour démarrer. Ici, il faut appuyer sur le bouton d’initialisation, une fois que tout est prêt, on appuie sur le bouton start, on débraie et met un coup sur la palette de droite située derrière le volant. On s’élance calmement pour quitter les stands et on appuie sur le bouton qui débride le moteur (au démarrage et dans les stands, on n’évolue qu’avec 20% de la puissance de la voiture) et gaz !!!
La poussée est franche, le bruit tonitruant, le roulis totalement inexistant et la sensation grisante. Les rapports montent sans la moindre douceur puis vient le premier freinage. On m’avait bien prévenu que la pédale était dure… et bien c’est pire que ce à quoi je m’attendais. De plus, l’absence totale de débattement dans les suspensions gomme en partie la sensation de freinage. Pourtant, indéniablement, ça freine.
Les virages s’enchaînent, je prends peu à peu confiance, gagne en vitesse. Houa, quel pied. Après ça, qui peut bien vouloir conduire une voiture road légal sur circuit ? Toutes les sensations sont tellement sublimées qu’il est même totalement vain de tenter une comparaison… Malheureusement, il faut déjà laisser le volant. Retour dans les stands, en ayant pris soin de presser le bouton de bridage, puis j’échange le volant avec mon pilote instructeur et on repart.
Au bout de 10 mètres, je comprends que comparé à lui, je suis un piètre pilote (mais bon, je le savais déjà) … car le bougre, il envoie fort. La voiture, elle, reste imperturbable. Définitivement, le rapport poids/puissance n’est pas ce qui caractérise une voiture de course… car vous pourrez trouver des voitures avec les mêmes caractéristiques que la 308 Racing Cup, voire même meilleure. Mais ça restera incomparable au ressenti qu’on peut avoir au volant de cette 308 Racing Cup.
Du coup, il ne me reste plus qu’à faire mon petit chèque de 75.000 € (hors taxes) et de m’inscrire au Championnat de France des Circuits ou un autre championnat auquel elle est éligible (TCR, ETCC, VLN, 24h series).
Merci Peugeot France pour ce cadeau de Noël estival.