Au début, fût la Mini
En 1959, la Mini Classic a vu le jour avec l’idée de créer, en pleine crise du Canal de Suez, un véhicule petit et économe. Niveau taille, le contrat fut rempli avec ses 3,05 m de long et ses 610 kg. Niveau tarif, à 5000 francs à l’époque, cette Mini était plutôt bon marché (même si une Fiat 500 était déjà bien moins chère).
65 ans plus tard, qu’est donc devenu cette icône ? D’un modèle fabriqué par la British Motor Corporation, on est passé à une marque (qui, je ne vous apprends rien, appartient à BMW depuis 1994), et qui dit marque dit (généralement) plusieurs modèles.
Aujourd’hui, voici LES Mini
C’est donc aujourd’hui une gamme complète de Mini qui est proposée sur le marché. Cette gamme s’étend de la « petite » Mini Cooper C 3 portes de 3,876m et 1335 kg, au « gros » SUV Mini Countryman SE de 4,445m et 2075kg. Entre les deux, un tout nouveau modèle qui n’existait pas sur la génération précédente : l’Aceman.
Commençons par l’extérieur, et disons-le tout de suite : c’est une Mini !
Il est parfois compliqué de construire l’identité visuelle d’une marque. Mais chez Mini, on peut dire qu’ils maîtrisent l’exercice. Chacune de leurs voitures reprend l’allure générale de la Mini Classic de 1959, mais en changeant d’échelle. Tant et si bien qu’en voyant pour la première fois l’Aceman, on sait immédiatement qu’on a affaire à une Mini, sans pour autant le confondre avec la Mini Cooper ou avec le Countryman.
Bien entendu, en regardant un peu plus attentivement, on voit tout de même que l’Aceman a son identité propre, avec ses propres optiques, sa propre calandre, mais aussi ses propres passages de roues (seule faute de goût à mes yeux). Bref, pas de réelle prise de risque, mais un véhicule qui jouera sans problème la carte du fan service pour les amateurs de Mini.
Basé sur une plateforme dédiée aux voitures électriques (donc, il n’y aura pas d’Aceman thermique), utilisée aussi en version courte pour la nouvelle Mini Cooper électrique (l’actuelle version thermique de la Mini Cooper utilisant pour sa part la même plateforme que l’ancienne génération), cet Aceman avec ses 4,079m de long prend la place de l’ancien Countryman (puisque l’actuel a grandi de plus de 30cm).
Qui dit électrique dit masse importante, et avec 1785 kg (pour notre version SE d’essai), l’Aceman ne fait pas exception.
À l’intérieur : l’esprit Mini
En ouvrant la portière, on découvre un habitacle… qui fait immédiatement penser aux habitacles Mini. On retrouve l’énorme écran OLED rond central (24cm), un volant très typé Mini, quelques boutons physiques (Merci !!!) le tout est très sympa, mais laisse un peu trop de place aux plastiques durs. Hormis cela, c’est la disparition du compteur de vitesse qui choque le plus. Personnellement, c’est l’argument clef qui me ferait basculer sur une finition supérieure (Flavoured ou John Cooper Works), afin de bénéficier l’excellent affichage tête haute.
Passons vite fait à l’arrière avant de démarrer et vérifions l’espace aux jambes. Avec un grand gabarit (1m90) à l’avant, on peut envisager mettre des adultes à l’arrière. Certes, passés le 1m70, l’espace aux genoux commencera à être limité. Néanmoins, l’écart avec la Mini Cooper laisse penser que cet Aceman s’adresse tout particulièrement aux anciens clients Mini Cooper qui ont vu la famille s’agrandir et qui ont besoin d’un peu plus d’espace intérieur.
Quant au coffre, avec 300 litres (1005 litres banquette rabattue) sans être ridicule, on aurait pu espérer un volume plus conséquent (un Jeep Avenger propose 55 litres de plus).
Fini le karting
Avant de donner mes impressions de conduite, il me faut faire un petit aparté. Je conduis au quotidien une Mini Cooper S (d’ancienne génération). Et quand on a fait ce choix pour son véhicule principal, c’est qu’on apprécie ce mythique comportement de karting : suspensions fermes, direction consistante et accélérations nerveuses. Objectivement, on aime parfois moins sa motricité défaillante…
En passant sur l’Aceman, retrouve-t-on ces caractéristiques, propres à l’esprit Mini ?
Clairement non ! Les suspensions se montrent tout à fait prévenantes, la direction très (trop ?) légère. Bien sûr, les accélérations de notre version Cooper SE sont nerveuses comme il se doit (et sans temps de latence, électrique oblige), mais les premiers kilomètres m’ont tout de même laissé sur ma faim. Quant à la motricité, à défaut d’être parfaite, elle est moins souvent mise à défaut que sur mon kart thermique.
Maintenant le deuil de ce comportement si attachant fait, j’aborde cet Aceman pour ce qu’il est : une voiture à vocation familiale.
Me voici donc en train de tester les différents modes de conduite : le passage d’un mode à l’autre change non seulement la réponse à l’accélérateur, mais aussi le (faux) bruit de moteur et toute l’ambiance visuelle de l’ordinateur de bord (et de l’éclairage intérieur). Fun fact, même le dessin des feux de stop arrière est modifié. C’est très beau… à défaut d’être utile.
Sans vouloir faire mon rabat-joie, il y a fort à parier que le futur propriétaire se contente de 2 modes : le mode ECO pour le quotidien, afin de préserver l’autonomie et le mode GO KART (aka mode sport) pour se faire plaisir de temps en temps.
Go Kart !!!
Puisqu’il s’agit de se faire plaisir, passons directement à ce mode GO KART. Le bruit simulé (désactivable) de moteur de kart (sans boite de vitesse) est réellement rigolo (quoique rapidement lassant). La puissance disponible immédiatement permet des dépassements vifs. Surtout, ceci permet de vérifier que malgré ses airs de SUV, la voiture se montre très saine, le roulis reste maitrisé, et le freinage reste constant et rassurant en toutes circonstances. J’avoue, sur les petites routes sinueuses de l’arrière-pays nîmois, j’ai tout de même esquissé un sourire en sautant de virages en virages avec tout de même une belle agilité.
Passons maintenant au gros point fort de cet Aceman : les ADAS (aides à la conduite).
Même si aujourd’hui, le buzz autour de la conduite autonome s’est quelque peu calmé, chaque nouveau modèle qui sort sur le marché apporte son lot d’améliorations au niveau des aides à la conduite. Certaines de ces améliorations sont portées par la législation, tandis que d’autres viennent peaufiner un discours marketing teinté de sécurité.
Problème, ces aides sont régulièrement ou trop intrusives, ou trop mal calibrées ! Ceci est valable pour les alertes de dépassement de vitesse difficilement désactivables (problème d’autant plus gênant quand il s’associe à une lecture des panneaux déficiente), ou de maintien de voie qui nous fait ricocher d’une ligne à l’autre, ou encore d’un régulateur de vitesse adaptatif qui intervient trop tardivement et freine trop fort.
Sur l’Aceman ? Rien de tout ça ! Les ADAS sont au niveau des meilleurs standards du marché (Mercedes, BMW) et transfigurent totalement l’expérience de conduite, assistant discrètement le conducteur sans le frustrer. Ceci permet de se sentir en sécurité, de limiter la fatigue… et de ne pas s’énerver après « cette voiture qui bipe tout le temps ».
Sur toute la durée de l’essai, pas une seule alerte intempestive, la voiture aura discrètement anticipé certains freinages, corrigé certaines trajectoires… mais de façon tellement subtile qu’il est facile de ne même pas s’en rendre compte.
Brelan d’Ace
L’Aceman est disponible en 3 motorisations :E
(184 chevaux) avec 300 Km d’autonomie
SE (218 chevaux) avec 400 Km d’autonomie
JCW (258 chevaux) avec 350 Km d’autonomie
Même s’il serait intéressant de tester les autres versions, sur le papier, c’est bien notre version d’essai SE qui semble la plus intéressante, en associant une belle autonomie avec des performances sérieuses.
Lors de l’essai, ma consommation (14,4 kWh/100 Km) s’étant située dans la fourchette de l’homologation WLTP (14,3 ~ 14,6 kWh/100 Km), par une belle journée avec des températures de 22°C, on peut estimer que les 400 Km sont réellement jouables en abusant un peu moins des accélérations.
En finition haut de gamme Flavoured, l’Aceman SE s’échange contre 43.315 € (à ce prix, il faudra encore débourser 2.000€ supplémentaires pour bénéficier de l’attelage de remorque ou des sièges à mémoire)… c’est cher.
En face, la plupart des concurrents chez Stellantis ou Renault sont moins chers et se situent plutôt au niveau de la version E de l’Aceman, avec ses 300 Km d’autonomie.
Le meilleur concurrent de notre SE est sans doute l’Alfa Junior, dont les tarifs placent l’Aceman SE entre la version 156 chevaux et la version Veloce de 280 chevaux, le tout avec un intérieur plus austère, mais globalement plus flatteur.
Alors, on achète ?
L’amateur Mini,
que les tarifs élitistes ne rebuteront pas, et qui a besoin d’une voiture familiale, répondra « oui » sans hésiter.
Celui qui recherche les meilleurs ADAS du marché, et qui cherche un véhicule plus petit qu’un iX1, répondra sans doute « oui » aussi.
Les autres seront sûrement rebutés par le tarif de cette version SE qui fait payer 4.000 € ses 400 Km d’autonomie et se contenteront des 300 Km de la version E.
En conclusion, la Mini Aceman SE est une proposition séduisante pour les amateurs de la marque et ceux qui recherchent un véhicule électrique performant et bien équipé. Malgré un tarif élevé, ses qualités en font un choix pertinent dans le segment des SUV compacts électriques.