300 chevaux…
Aujourd’hui, on teste ce qui n’est pas moins que la Renault de série la plus puissante jamais produite.
Non, il ne s’agit pas de la Renault 5 Maxi Turbo de 1985 qui, bien que sortant 350 chevaux de son petit 1.4 turbo, n’était pas homologuée route (même si une dizaine ont été immatriculées).
Et non, il ne s’agit pas non plus de la Megane RS Trophy-R de 2018… qui tenait jusqu’à il y a peu le titre de Renault la plus puissante de l’histoire avec ses 300 chevaux.
Car 2025, changement d’époque, la Megane doit aujourd’hui partager la première marche du podium avec un SUV !
…dans un SUV (coupé)…
Sans plus attendre, direction Monaco pour tester le Renault Rafale Atelier Alpine.
Commençons par décortiquer ce nom.
Le Rafale, pour ceux qui n’auraient pas suivi, c’est le SUV Coupé de Renault. Pour faire bref, vous prenez une plateforme d’Espace (CMF-CD), mettez un profil de SUV Coupé (à l’image d’une BMW X2), et vous obtenez le Rafale.
Ensuite Atelier Alpine ? Quesako ?
La gamme Rafale est relativement simple, avec 2 motorisations :
Un hybride non rechargeable de 200 chevaux, déjà vu dans l’Austral, disponible en finition « techno » et « Esprit Alpine »
Un hybride rechargeable de 300 chevaux, disponible en finition « Esprit Alpine » et « Atelier Alpine ».
À la lecture du paragraphe précédent, on pourra penser que les gens du marketing de la marque au losange manquent un poil d’imagination et que « trop d’Alpine tue l’Alpine ».
Pour faire bref, là où « Esprit Alpine » n’est qu’une finition promettant un look sportif, « Atelier Alpine » propose de vraies optimisations mécaniques.
Ce Rafale est donc le modèle Renault de série le plus puissant du moment…
Avec un moteur 3 cylindres…
Pour sortir 300 chevaux, hybride oblige, on cumule la puissance du 3 cylindres 1.2L (déjà vu sur la version 200 chevaux, mais ici poussé à 150 chevaux) à une invraisemblable machinerie électrique : un moteur de 70 chevaux pour le train avant, un autre de 136 chevaux pour le train arrière, et un dernier de 34 chevaux pour servir d’alterno-démarreur et pour remplacer l’embrayage. Avec tous ces moteurs, Renault a pu multiplier les modes de conduite : entre les modes Sport, Confort et Eco, plus leur variante en Zéro Emission, vous pourrez évoluer soit en propulsion électrique 136 chevaux, soit en 4 roues motrices (et directrices) 300 chevaux hybrides, en passant par plusieurs niveaux de puissances intermédiaires.
Et qui dit hybride dit batterie. Ici, avec 22 kwh, Renault annonce un optimiste 105 km d’autonomie en mode Zéro Émission. Sans avoir pu faire de tests d’autonomie poussés, je dirais juste que sur les petites routes proches de Monaco, ce chiffre semble totalement impossible à atteindre.
…pour du premium à la française…
À 59.000 €, ce Rafale Atelier Alpine est le modèle le plus onéreux du catalogue de Renault. À ce tarif, seuls la sono Harman Kardon, l’affichage tête haute et le toit en verre panoramique solarbay (comme sur le Symbioz) figurent à la liste des options. Tout le reste est de série : sièges électriques, massants, feux Leds, ADAS… rien ne manque.
…au look agressif…
Vu de l’extérieur, ce Rafale met cependant plus l’accent sur la sportivité que sur le luxe. Avec une face avant anguleuse et agressive, un béquet arrière (pas forcément du meilleur gout) et des flancs sculptés, on peut dire que ce Rafale méritait de disposer de 300 chevaux.
Une fois à l’intérieur, le constat est le même, avec des sièges sports (au maintien perfectible) et un cockpit orienté vers le conducteur. Ce Rafale semble appeler à une conduite dynamique… tout en offrant un espace intérieur permettant à 4 adultes de voyager confortablement (la 5ème place sera à utiliser plus occasionnellement).
…mais s’appréciant comme une GT.
Au volant, ce Rafale souffle un peu le chaud et le froid. Avec un 0 à 100 km/h annoncé en 6,4 secondes, on est surpris de voir une puissance délivrée de manière très linéaire, lissant trop les sensations.
Dans les routes sinueuses, les suspensions (adaptatives et prédictives, mises au point par Alpine) effectuent un travail admirable… mais le freinage manque cruellement de constance, de sorte qu’on préfère anticiper les virages que de profiter du châssis.
Enfin, sans surprise, en haussant le rythme, la batterie se vide vite, très vite… si vite qu’on passe le plus clair de notre temps à essayer de regagner un peu d’autonomie.
Conclusion
Cet essai du Rafale Atelier Alpine me fait immanquablement penser à la Peugeot 508 PSE (pour ceux qui n’auraient pas lu l’essai, c’est ici).
Au moment de prendre le volant, vous vous attendez à conduire une sportive. D’autant plus que la marque a mis tous les gimmicks possibles pour vous faire croire que le véhicule est sportif. Pourtant, une fois au volant, entre des masses élevées et des puissances distillées de manière très progressives, vous vous rendez compte que vous avez plutôt entre les mains une bonne GT.
Les suspensions du SUV de Renault lui permettent de proposer un dynamisme comparable à la sochalienne, tout en plaçant la barre encore plus haut en termes de confort. Malheureusement, ceci est entaché par un freinage moins bien géré que sur la 508. Et, dans les deux cas, une conduite sportive videra très vite la batterie.
La concurrence
Au niveau des SUV coupé, en hybride rechargeable de 300 chevaux, on trouve le Mercedes GLC 300e (la version non coupé est en test ici ), bien moins dynamique avec ses 350 kg de plus que le Rafale, proposant une autonomie électrique plus convaincante, mais pour 20.000 € de plus.
On pourrait aussi évoquer l’Audi Q3 Sportback TFSI e (voir le test de Stéphane sur la version essence ici), mais pour le même tarif que le Rafale, il sera moins puissant et proposera une autonomie plus faible.