Jeudi 15 juin, 21h10 :
je suis chez moi, je regarde sur Eurosport la séance de qualif des 24h de Mans, Kobayashi vient de signer un temps venu d’une autre planète, le téléphone sonne … 5 minutes plus tard, je suis en mode commando : Porsche France vient de m’inviter pour le week-end des 24h du Mans au sein du team Porsche Motorsport. Mon emploi du temps est devenu un bigbang chaotique mais qu’importe, mon rêve de vivre les 24h de l’intérieur va enfin se réaliser.
Samedi 16 juin, 11h10 : j’arrive gare du Mans, une Panamera 4S m’attend à la sortie pour m’emmener sur le circuit, les choses sérieuses commencent. Les gros bouchons se forment à l’entrée du circuit et la Porsche Carrera Cup s’achève lorsque j’arrive sur le circuit. En 5 minutes je suis transformé en « sapin de Noël » par les équipes Porsche : pass pour l’Hospitality Carrera Cup, pass pour le Porsche Experience Center, pass pour le Media Lounge, pass pour le Paddock Gridwalk … plus tu es décoré, plus tu peux aller partout, et je suis décoré comme un général Nord Coréen donc j’ai un grand sourire au lèvres.
Je découvre les différentes installations Porsche avec l’hospitality Porsche Carrera Cup : à mon arrivée les pilote viennent de terminer leur course et sont en quête d’eau avec le visage déjà bien marqué. La chaleur est très intense dans la Sarthe et ces 24h promettent d’être rudes pour les hommes et les machines. Je continue ensuite la découverte des lieux avec le grand hospitality « Media Lounge » situé dans le Paddock. C’est ma première fois dans un Paddock d’une aussi grande course. Je croise pas mal de visages connus dans le monde des sports mécaniques et ce n’est qu’un début. Au Media lounge je croiserai ainsi pendant ces 2 jours : Mark Webber, Neel Jani, Brendon Hartley, Magnus Walker, Patrick Dempsey et Monsieur « Le Mans » Jacky Ickx … surnaturel pour le fan de sport auto que je suis.
Samedi 16 juin, 14h00 : Le premier grand temps fort est le Gridwalk : la possibilité d’être sur la grille juste avant le départ. Toutes les voitures sont garées en épi dans l’ordre de la grille. Le spectacle est somptueux, le moment émouvant mais par contre quel monde ! Je ne pensais pas qu’autant de personnes pouvaient être au même moment sur la grille au milieu des voitures. Je trouve ça incroyable que le public puisse carrément toucher les voitures ! Je m’attarde autour des Porsche du team Dempsey, des 911 RSR officielles et de la 918 numéro 2 … tiens tiens … un signe ?
Je remonte la grille en tentant de faire des photos malgré la foule. J’arrive au bout de la ligne droite des stands, devant moi se dresse la courbe Dunlop, c’est juste fou. Les commissaires sont tendus à quelques minutes du départ, il est temps d’évacuer la grille et de prendre place au Porsche Experience Center pour assister au départ. Je vous ai déjà parlé de ce somptueux bâtiment construit par Porsche lors de mon stage de pilotage. Pour ces 24h, il est complètement transformé avec des espaces dédiés aux médias et aux clients VIP. Le bâtiment dispose d’une immense terrasse dotée de gradins en escalier. Je me place au dos de la ligne de départ je vois l’enchainement des 2 chicanes Ford avant la ligne droite des stands. La pression monte, la patrouille de France nous régale et les moteurs démarrent. C’est Mark Webber (grand Marshall cette année) qui pilotera le Safety Car pour ce départ. Les voitures arrivent en formation à l’approche de la grille …. arrivée dans la ligne droite des stand les moteurs sont lâchés pour un départ lancé, c’est parti pour 24h.
Je ne vais pas vous détailler la course heure par heure, vous avez certainement suivi cette édition. Cette épreuve était particulièrement disputée et indécise jusqu’à la fin. Les moments forts que je retiens particulièrement de cette première journée : les ennuis de la Porsche n°2 et le travail des mécanos pour la relancer en piste, la nuit cauchemardesque des Toyota … en quelques minutes ça a été Waterloo … dur de croiser Stéphane Sarrazin et Pechito Lopez dans le Paddock la tête baissée et vraiment affecté par les abandons successifs des 2 LMP1 nippones de tête.
Samedi 16 juin, 23h30 : Mon grand moment de ces 24h avec la visite des stands Porsche LMP1 … un rêve… Malheureusement je n’ai pas eu le droit de photographier ou de filmer. J’ai vu des pièces stratégiques entièrement démontées, et certaines infos affichées sur les écrans des ingénieurs sont confidentielles. J’ai eu le bonheur d’échanger quelques mots avec The fameux mécanicien … (voir mon post Instagram ci-dessous). Cette visite a débuté dans la zone la plus reculée du stand, celle où Porsche stocke les pièces de carrosserie et les roues dans les couvertures chauffantes (j’ai d’ailleurs eu l’occasion d’en soupeser une, on sens bien les 20 kg !). Petite anecdote : les rétroviseurs modèles 2016 sont stockés dans un coin au cas où (en 2017 ils sont complètement intégrés à la carrosserie). Je regardais partout avec les yeux grands ouverts. J’ai pu voir tous les types de pneumatiques Michelin utilisés. J’observe également longuement le fond plat carbone, les différences pièces techniques. Les pièces carbone sont magnifiques de précision et la carrosserie recouverte d’un sticker (et non peintes) pour gagner du poids.
2ème étape de la visite on passe dans le stand en bord de piste. En rentrant sur la gauche c’est la zone mécanique, je vois un train arrière « ouvert », des pièces moteurs mécaniques et des pièces du moteur électrique démontées sur un plan de travail. En approchant de la Pitlane je trouve les ingénieurs à leurs postes, devant leurs écrans qui affichent des tonnes de données télémétriques. À noter qu’une vingtaine d’ingénieurs sont également au travail dans une salle technique dans un préfabriqué à l’extérieur des stands. Les murs sont habillés des meubles techniques Porsche, chaque tiroir renferme des pièces et outils parfaitement rangés et classés. Les hommes sont là prêts à intervenir : les mécanos en combinaison grise, les ingénieurs en blanc. Les boss du Team, Fritz Enzinger et Andreas Seidl, supervisent les opérations. J’assiste à une scène « de stand » avec un commissaire technique FIA qui vient demander des explications. Un ingénieur Porsche qui lui répond le plus précisément possible … la vie d’une écurie pendant la course.
Le Mans la nuit, c’est vraiment une ambiance unique, les lumières, les odeurs, le bruit … tout est fascinant et terriblement graphique.
Après une très courte nuit, je retrouve le circuit au matin. J’explore la partie réservée au grand public avec le village et ses animations. Les constructeurs y exposent des modèles et proposent diverses animations. C’est noir de monde et la chaleur est déjà bien présente. Je me pose dans différentes zones de passage autour du virage Dunlop et de la ligne droite des stands. La pression monte d’un cran quand la Porsche n°1 pourtant largement en tête abandonne. La LMP2 du Jacky Chan Racing est alors en tête avec le jeune et très prometteur Thomas Laurent qui enchaine les beaux relais. La Porsche n°2 pourtant largement attardée en début de course, continue sa formidable remontée pour passer en tête du général dans les 2 dernières heures de course. Le Mans sera toujours le Mans, une course hyper exigeante pour les hommes comme les machines, encore plus quand les conditions climatiques sont aussi rudes. Le final en GTE Pro ne fera que renforcer cette légende avec une lutte acharnée entre les Aston Martin et la Corvette dans le dernier tour. Un petit mot sur le plateau, je trouve dommage le manque de grands constructeurs en LMP1, avec le retrait d’Audi, le plateau est maigre et voir une LMP2 en position de gagner le Mans est une situation anormale. Justement l’ACO et la FIA ont présenté un nouveau règlement pour 2020 destiné à réduire les couts et à attirer de nouveaux constructeurs dans la catégorie reine. Espérons que ces nouvelles mesures seront efficaces.
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Il est temps de quitter le circuit pour rejoindre l’Alsace. Porsche repart de la Sarthe avec une 19 ème victoire au général. Quelle remontée du trio Brendon Hartley, Earl Bamber et Timo Bernhard et de tout le team Porsche qui démontre qu’il ne faut jamais rien lâcher au Mans : l’impossible est toujours possible ! Cette numéro 2 est quand même restée plus d’une heure au stand et est repartie avec 19 tours de retard !!! Les 911 RSR en GTE Pro ont connu une course difficile avec un abandon et une course loin du trio de tête. Mais quelle machine cette RSR ! Pour une première participation elle nous a tous régalé par ses vocalises. L’année prochaine elle luttera pour la victoire c’est certain ! Porsche reviendra pour un nouveau duel contre Toyota pour tenter de décrocher une vingtième victoire de cette course mythique, la plus grande et folle du monde.
Merci Porsche France et Porsche Motorsport pour ces moments d’exception. Pour une première ce fut intense et passionnant. Difficile de revenir à une vie normale après cette expérience, on garde pendant plusieurs jours dans un coin de la tête le freinage d’Indianapolis à la nuit tombée ou le bruit des moteurs déboulant de la forêt à l’approche des S Porsche. Et aujourd’hui encore, quand le soleil se couche par une belle soirée d’été, je repense à ces moments « hors du temps », où l’histoire des sports mécaniques s’écrivait sous mes yeux.
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(***) Photos service presse Porsche