Depuis 2015 et le lancement de Kambouis, j’en ai vécu des rêves : vivre les 24h du Mans au sein du team vainqueur, être équipier d’Ari Vatanen sur le Tour Auto, apprendre à dompter Spa Francorchamps avec un ancien vainqueur des 24h du Mans, vivre une manche du WRC au coeur d’un top team (et suivre les spéciales en hélico)…
Grâce à Alfa-Romeo, j’ai pu ajouter une ligne à cette longue liste complètement dingue :
visiter l’usine d’une écurie de Formule 1 !
Direction Hinwil près de Zurich en Suisse, pour visiter les infrastructures d’un lieu mythique : l’usine Sauber Technologies, d’où sortent les Formule 1 Alfa-Romeo. Je ne suis pas là uniquement pour la F1, l’usine Sauber est en effet le « camp de base » des essais Alfa-Romeo pour le lancement de leur série spéciale Estrema sur les Giulia et Stelvio, mais j’aurai l’occasion d’y revenir dans un prochain article.
Sauber Technologies
L’usine se situe dans la zone industrielle de Hinwil, jolie petite ville Suisse entourée par de belles montagnes. Première chose surprenante, l’usine est constituée de plusieurs bâtiments, eux même mélangés à d’autres entreprises. Ce n’est pas du tout Fort Knox pour accéder aux portes de l’usine. Tout le monde peut accéder au parking du personnel (où est d’ailleurs garé un nouveau Tonale immatriculé en Italie).
Sur ce même parking, je découvre 2 camions Alfa-Romeo F1, prêts à prendre la route pour la saison européenne du grand « cirque » de la Formule 1.
No photo !
Pénétrer dans le bâtiment Sauber est une histoire… il faut montrer mon badge et être accompagné d’un encadrant officiel. Tout de suite on m’annonce la couleur avec mon reflex Sony en bandoulière : les photos sont autorisées UNIQUEMENT dans la partie accueil /event du bâtiment, pour le reste de l’usine l’appareil photo devra rester dans son sac.
Je découvre un immense hall d’exposition : des vitrines présentent la combinaison Alfa-Romeo de Valteri Bottas et le volant de la monoplace 2022. Sur la gauche des simulateurs Fanatec branchés sur le jeu F1 2021 et bien sûr paramètrés sur le cockpit d’une F1 Alfa-Roméo.
Une zone Event, avec une scène et un écran de projection, est là pour les présentations et, juste à côté, clou du spectacle : des F1 retraçant l’histoire de Sauber trônent au fond de l’immense salle. Première présentée : l’Alfa-Romeo F1 2021 de Kimi Raikkonen ! Derrière la Sauber C12 1993 V10 de JJ Letho motorisée par Mercedes et qui représente les débuts de Sauber en Formule 1.
On trouve également une F1 Sauber sous les couleurs de BMW de Nick Heidfeld pendant la saison 2008.
C’est Axel Kruse, le CEO de Sauber Technologies qui va nous faire la visite de l’usine. Croyez-moi, je ne pensais pas un jour accéder au coeur des secrets d’un Team de Formule 1. Mon appareil photo est dans son sac (les photos de l’usine sont celles du service presse Sauber), mon téléphone éteint et l’attachée de presse Sauber a en plus, bien pris soin de coller des stickers sur les objectifs du smartphone !!!
Impressionnante soufflerie…
Tout commence par la soufflerie, je savais que les installations étaient impressionnantes, mais dans la réalité c’est bien plus que ça : les dimensions sont énormes, gigantesques !!!
On découvre une monoplace bâchée, après quelques explications, je vois enfin ce qu’il se cache dessous : une maquette à l’échelle 60%, tenue par un bras au niveau de la prise d’air au dessus du cockpit. Cette maquette permet de tester en soufflerie les solutions développées par les ingénieurs. Cette maquette noire nous dévoile les secrets des évolutions aérodynamiques qui seront présentées à partir du GP de Barcelone. C’est ultra secret et bien sûr vous ne verrez aucune photo !
Tout se joue dans les détails : des ailettes modifiées sur l’aileron avant, les pontons légèrement redessinés, un extracteur repensé… C’est un peu le jeu des 7 erreurs, mais si les nouvelles pièces donnent satisfaction, ça peut représenter plusieurs dixièmes de gagné sur la piste. Quand on sait la lutte acharnée qui se passe dans le midfield entre les Alfa-Romeo, les Alpine, les Alpha-Tauri, les McLaren… Ça peut faire toute la différence entre des gros points et rien du tout !
Le simulateur : les tests à domicile !
Nous changeons de bâtiment pour nous diriger maintenant vers un autre endroit ultra secret (je vais arrêter de le préciser tout est ultra secret ici !!! ), le simulateur. Alors oubliez tout de suite les sièges Playseat et les volants Fanatec, là le « level » est tout autre. Vous êtes dans une grande salle (comme une salle de cinéma), un immense écran incurvé face à vous, au centre de cette salle : un habitacle de monoplace 2022 posé sur un cadre, le tout maintenu par un système de vérins gigantesques pouvant faire varier la position de l’habitacle sur différents axes.
Derrière cette zone, 2 étages surplombent la pièce. Le niveau supérieur permet d’assister à une séance de simulateur en spectateur avisé. Au niveau inférieur, on trouve une salle de contrôle destinée aux ingénieurs et bourrée d’ordinateurs et d’écrans à laquelle nous n’aurons pas accès. Les pilotes titulaires et pilotes de réserve, comme Théo Pourchaire, viennent y tester les nouvelles solutions et différents réglages. Ils y apprennent également les nouvelles pistes, comme celle du GP de Miami où personne n’a jamais roulé.
Les ateliers de fabrication : chirurgicaux !
Direction les zones de fabrication Sauber Technologies. Là, on entre vraiment dans des ateliers de très hauts niveaux avec des machines outils très rares et très chères. Sauber Technologies pense être dans le top européen des ateliers mécaniques de haute précision. Outre les pièces destinées à la Formule 1, il est possible de faire appel à Sauber Technologies pour des fabrications destinées à d’autres compétitions automobiles, des pièces auto de séries limitées (souvent ultra sportives), des pièces aéronautique etc..
Je découvre ainsi des imprimantes 3D capables d’imprimer de l’aluminium ou d’autres matériaux très techniques. Je suis surpris par la taille des pièces pouvant être usinées (imprimées ?). Encore une fois les pièces secrètes sont sous une bâche, on a le droit de contempler un « lève vite » utilisé lors des arrêt aux stands ou les sondes pitot disposées sur le nez de la voiture.
On n’a pas du tout l’impression d’être dans un atelier de fabrication mais plutôt dans une salle d’opération médicale. Tout est ultra clean, rangé, ordonné (et en plus on est en Suisse !).
L’assemblage : des pilotes installés au millimètre !
Nous nous dirigeons maintenant vers un atelier un peu plus « émouvant », celui où les pilotes découvrent leur monoplace pour procéder aux différents réglages de position de conduite et au moulage des sièges baquets. Un « mécano » de grande expérience nous accueille pour nous expliquer les différentes étapes. Outre le siège baquet moulé sur le corps du pilote. On découvre l’armature carbone qui maintient ce siège et pouvant être entièrement retirée en un seul bloc (avec le pilote) en cas d’accident grave.
Un cockpit de monoplace 2022 est en place, brut de carbone. On nous explique comment régler la position des pédales, du volant, suivant le gabarit des pilotes et leurs habitudes.
A l’entrée de cette pièce, un mur « expose » quelques casques des pilotes passés par cet atelier. Quelques grands noms y figurent comme Charles Leclerc ou Kimi Raikkonen ! Dessous un tableau blanc est signé par les pilotes ayant porté les couleurs Sauber !!!
Le bureau d’études : le coeur de la création !
Direction un nouveau bâtiment (je serai incapable de m’y retrouver seul dans ce labyrinthe). Nous entrons dans un immense bureau d’études. Ici sont conçues les pièces mécaniques, les programmes informatiques, toute l’électronique, la télémétrie, les systèmes de communication…
Une zone est dédiée à un team d’ingénieurs afin qu’ils puissent suivre les courses et interagir avec le team sur le circuit. De grands écrans reprennent des infos de télémétrie du GP d’Arabie Saoudite (nous sommes le vendredi des essais du GP).
Un atelier et des hommes
Ce grand bureau d’étude surplombe la zone d’atelier des monoplaces.
Situés sous une immense verrière, plusieurs postes de travail sont alignés, entourés par des armoires à outils. Ici, les mécanos montent, démontent, inspectent les F1 entre les Grand Prix. Tout est blanc, on se croirait dans un rêve. Il n’y a aucune goute d’huile ou de cambouis au sol : c’est chirurgical !
Au fond, une vitrine expose différents Magnums de Champagne remportés par les pilotes Sauber lors des différents podiums de l’écurie. De quoi motiver les troupes constituées par plusieurs centaines de personnes.
Service qualité : la précision au service de la fiabilité !
Dernière zone visitée : le service qualité où sont inspectées toutes les pièces sorties de l’usine et les pièces démontées des voitures de course pour confirmer/infirmer leur réutilisation. Je reconnais des machines de mesure 3D dernier cri. Ce n’est pas vraiment l’atelier le plus impressionnant mais son importance est capitale pour la fiabilité des voitures.
En prendre plein les yeux
Fin de cette visite hors norme et ultra rare. J’ai adoré et vraiment tout dévoré des yeux. Point positif à ce secret : n’ayant pas à shooter, j’ai vraiment tout absorbé et observé et j’en ai vraiment profité au maximum.
Depuis l’arrivée de Frédéric Vasseur en 2020, le Team Alfa Romeo F1 construit une équipe solide, au savoir faire reconnu de tout le milieu de la Formule 1. Les résultats 2022 sont plus qu’encourageants avec un Valteri Bottas qui retrouve une 2ème jeunesse au volant d’une voiture compétitive. En plus, le petit nouveau, le chinois Guanyu Zhou montre qu’il est bien plus qu’un pilote apportant un gros budget. Pour un rookie, il est solide, rapide et commet très peu d’erreurs.
Bref, la saison 2022 s’annonce belle pour le Alfa Romeo F1 Team Orlen et avec un tel outil de développement et de production, les évolutions à venir devraient rapporter des gros points.
Direction maintenant l’univers Alfa-Romeo sur la route pour découvrir les séries Estrema sur Stelvio et Giulia, je vous en parle très vite sur Kambouis dans un nouvel article.
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